Le blog de Bachir Sylla

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EDG-LABE/ LE COURANT NE PASSE PAS

Bouba Kanté, 43 ans, est menuisier. En 1996, ce diplômé du centre de formation professionnel de Labé crée un atelier de menuiserie métallique dans la concession de son pere, sis au quartier Donghora. Suite aux coupures prolongées de courant, il est contraint de transférer son atelier à Dow Saré, juste en face du stade régional El Hadj Saïfoulaye Diallo, où il y a de l'électricité  un jour sur trois. Le mardi 2 décembre, pour honorer ses engagements, c'est à Kouroula, le quartier administratif, trois kilomètres de chez lui, qu'il a trouvé la denrée rare. Il continue de s'arracher les cheveux pour venir à bout d'une commande de 6.000 tables-bancs. M. Daouda Barry qui dirige un atelier à Kouroula a les mêmes tintouins. " On nous envoie parfois le courant à des heures si indues que nous sommes obligés de travailler toute la nuit. Et la tension qu'on nous envoie est trop basse ". Kanté et Barry de vitupérer: " Tous les ateliers de menuiserie sont facturés à 175.000 FG. Que le courant vienne ou pas, tu es obligé de payer, sinon on te coupe sans délai ", déplore Kanté.

Mamadou Cellou Diallo, la petite cellule de l'Aden (Appui au désenclavement numérique), initié par le Service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France, spécialisé dans la formation, la conception de projets et prestations diverses, se plaint lui aussi. " On est obligé de recourir à un groupe électrogène pour satisfaire nos clients. Cela nous conduit malheureusement à réduire le temps de nos prestations car le prix du carburant joue énormément sur nos recettes. Je me demande vraiment sur quoi EDG se base pour facturer ses clients ? "

El Hadj Ibro Barry, chef de la division administrative et financière d'EDG Labé est obligé de se justifier. Avec 86 millions de recettes en novembre, EDG Labé roulerait à perte. La ville compte 110.000 habitants, ne recenserait que 6025 clients, 4265 clients effectifs et presque tous facturés au forfait. Selon M. Barry " EDG Labé n'est pas en mesure d'avoir des compteurs pour tous ses clients ". Et quand ceux-ci ont un compteurs " ils nous demandent de l'enlever, parce qu'avec le compteur, ils paient plus que d'habitude. Cette situation nous met dans un dilemme cornélien. Ils veulent du courant, mais ils ne veulent pas en payer le prix "..

Aboubacar, Le shérif du centre EDG dit haut et fort que Labé est parmi les mieux lotis. " Pendant toute la saison des pluies, le courant fonctionne, 24 h sur 24. Ce n'est qu'au début du mois de novembre dernier que nous avons commencé un système de délestage et de rotation dans certains quartiers de la ville car la capacité des transformateurs ne permet pas de donner du courant à tout le monde en même temps ". Selon le Shérif, peu savent que le courant de Labé est issu de l'interconnexion entre les centrales thermiques de Tombo et des barrages hydroélectriques de Samou, de Garafiri, de Kinkon. La répartition se ferait à partir de Conakry. " La population pense que nous avons suffisamment de courant et que nous refusons de leur en fournir. Ils oublient que Labé ne possède ni barrage, ni centrale thermique".  Les agents d'EDG ne seraient pas en mesure de se déployer sur le terrain faute de logistique. Cela devrait s'améliorer avec l'achat de motos. Mais, à cause de la non informatisation de ses services, il y a des retards et des erreurs dans les facturations. Et avec la délinquance ! " En octobre dernier, 140 mètres de câbles ont été volés en plein coeur de Labé", affirme M. Chérif.

De son côté, le responsable technique de EDG Labé, Le Cas-marant  d'Aly Wilson, confie que depuis 1968, le réseau électrique de Labé n'a pas connu de retouches sérieuses. " Les pannes brusques et de longue durée sont généralement dues à la vétusté du réseau ". Le chef du centre annonce un projet de rénovation du réseau qui devrait améliorer les choses pour les chefs-lieux de région.

Nous avons voulu en savoir un peu plus sur les perspectives que les partis politiques réservent à ce secteur. Surtout à la veille des élections législatives. Mamadou Cellou Ta-Baldé, du Bureau fédéral de l'UFDG (Union des farces démocratiques de Guinée) avoue ne pas maîtriser tous les paramètres liés au secteur de l'électricité à Labé. Cependant il déclare être en phase avec le Président de son parti, l'ex-Petite cellule de la Primature. Ce dernier étant favorable à l'aménagement de grands projets hydroélectriques, notamment sur le fleuve Konkouré. Cela, en vue de permettre au pays de Fory Coco d'acquérir du courant à moindre frais et d'exporter l'excédent vers les pays les moins nantis. Cellou Ta-Baldé estime que le problème de courant ne peut pas être résolu de façon partielle en Guinée. Selon lui, seule une volonté politique du gouvernement permettra de réaliser des projets d'avenir dans ce secteur.  Lequel doit être débarrassé de l'affairisme qui mine sa gestion. Du moins… si on veut le sortir de sa situation actuelle.

Bachir Sylla

Envoyé spécial

 

 



23/01/2009
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